mardi 10 avril 2012

Selva, partie 4 : 3 premiers jours dans la jungle



Dernière petite douche (froide bien entendu) puis on part au local de l’agence pour finir les préparatifs. 30 minutes plus tard, la moto-remorque est chargée, on prend la petite piste ‘‘carrossable’’ qui devient vite un bon bourbier… Ca secoue, on manque de tomber tous les 200m, mais ça passe ! Les canoës (taillés dans un seul tronc d’arbres) sont chargés, les formalités réglées : c’est l’heure de partir, pendant 7 jours (4 nuits aller et 2 nuits retour) au milieu de la jungle, en bateau et dans des campements.

Très vite, on commence à apercevoir la faune : des singes-moines (tous les noms seront traduits de l’espagnol, ou alors en espagnol ou en cocama-cocamilla). Inutile de mentionner les moustiques. En continuant sur la rivière, quelques boucles plus loin, on tombe sur un plan d’eau incroyable : impossible de distinguer la limite entre rivière et forêt, le reflet est parfait !

Un autre reflet, bien moins spectaculaire que le premier
Des lianes pendent de certains arbres, d’autres sont enveloppés dans des toiles d’araignées qui font une bonne dizaine de mètre de haut pour les plus grandes. Les papagayos crient et fuient lorsqu’on se rapproche.

Très vite, on arrive au premier campement. C’est la saison des pluies, donc le trajet est assez court, car on peut couper par les sacaritas, des raccourcis au milieu de la forêt inondée où l'on frôle les arbres, desquels tombent parfois des branches, parfois des fourmis géantes (la 3ème piqure peut provoquer un infarctus…) ou encore des araignées ‘‘d’une taille appréciable’’. La maison est construite sur pilotis, car à cette époque tout est inondé. Le seul moyen d’en sortir est… de se jeter à l’eau. La rivière sert à presque tout : laver les poissons vidés, jeter les déchets (tous organiques), se baigner, se laver les dents, s’amuser, etc…

Iguana
Le deuxième jour est plus riche en découvertes : on passe à côté de tortues, des dauphins nous suivent, on s’arrête près d’un paresseux puis d’un iguane relativement imposant. On s’arrête à une petite cabane pour déjeuner, le temps de rencontrer 2 argentins, puis on repart vers le deuxième campement, bien moins confortable que le premier. En arrivant, ma seule envie est de me jeter à l’eau : le soleil écrasant, la chaleur, l’humidité, les moustiques, l’inconfort du canoë pendant des heures font que le voyage est tout sauf reposant.

Peu de temps après m’être lavé, la pluie arrive (pas de trajet sous la pluie : on aura eu de la chance lors des 5 premiers jours !). Les goutes, si agréables et rafraichissantes, frappent fort : on est entre le massage et la douleur. La forêt, comme chaque soir envahie par les croassements des grenouilles, est somptueuse sous son voile humide. Le diner est presque prêt (j’ai insisté, impossible de les aider à préparer ! Je suis obligé de ne rien faire !), et après une brève conversation avec un couple de canadiens retraités, c’est l’heure du rituel anti-moustique, puis non pas du coucher, mais de l’affalement sur le sol (le matelas est si fin qu’on peut, en respectant la méthodologie scientifique des 5%, le négliger).

Un endroit sublime, un moment magique, malheureusement (?) impossible à capter avec mon appareil
Traverser ? Ne pas traverser ?
Je n’en peux plus, il est temps de parler nourriture : notre diète comporte parfois pâtes ou riz, pain avec de la confiture, mais surtout poisson de la rivière et bananes plantain frites, la base de la nourriture amazonienne. Le 3ème jour au matin nous attendent donc quelques petits poissons bien appétissants, comme ce magnifique piranha, pour le petit déjeuner. Je me suis levé tôt, et j’accompagne un des guides, Wellington, qui est en train de les vider. Il me dit que parfois, des filles viennent ici et traversent la rivière à la nage. J’ai essayé au premier campement car il y avait un arbre à 5m de la maison : en le touchant, une énorme araignée est sortie et est tombée dans l’eau, ce qui m’a fait repartir en nageant le plus vite possible (bon ok, pas si vite en fait…). Je m’étais dit que ‘‘jamais plus’’, mais avec ce qu’il me raconte, mon orgueil en prend un coup. La suite dans quelques jours !

Piranha Blanc
Et un bon petit-déjeuner
Avant de continuer jusqu’au campement suivant, on part faire une promenade dans la jungle, car il y a à cet endroit une partie qui n’est pas inondée. Même si ce chemin est déjà plus ou moins déblayé (car le plus proche de l’entrée de la réserve), la progression est pénible. La chaleur est asphyxiante et les moustiques ne nous laissent pas 10 secondes en paix, malgré qu’on se soit aspergés de répulsif. Ils piquent même à travers les vêtements !
La Lupuna, arbre le plus grand de la région
Une fourmi géante (isula) sur le Machete
Lors du voyage du 3ème jour, on passe par un bras mort  ou poussent des ‘‘gloria regias’’, vraiment impressionnantes !


On s’enfonce de plus en plus dans la réserve, et les campements sont de plus en plus sommaires : il n’y a plus qu’un sol (fait de palmier Pona) sur pilotis, avec un toit de feuilles de palmier (celui utilisé s’appelle shebon). Pour les toilettes, c’est en s’avançant un peu dans la forêt, avec les bottes car c’est inondé. La nuit, avec une lampe torche, on peut voir tous les yeux qui nous observent : l’expérience vaut la peine d’être vécue !

Grenouille tombée avec une feuille lors du passage d’une sacarita
M. D. Père avec un des guides : Wellington
Depuis qu’on est arrivés, je m’intéresse à comment ils préparent leur nourriture. Ce soir, ils vont tendre les filets dans un sous bois, et acceptent que je les accompagne. On n’a pas fini que déjà un poisson est pris au piège : ça sent bon le petit déjeuner copieux ! Les poissons sont mangés de plusieurs manières : frits, fumés, bouillis ou cuits dans une feuille de bijao (ça ressemble au bananier). Ils sont presque toujours accompagnés de banane frites. Comme espéré, le filet est plein le matin : on sera obligé d’en relâcher le tiers, plus quelques-uns qui se sont déjà faits manger par les piranhas.
Piranha noir (pas le plus agressif) et Chambira
Poissons cuits dans les feuilles de Bijao… RICO !

Vidage des poissons, à 6h du mat’

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire