lundi 31 octobre 2011

3 jours à Huaraz

Ca y est, on s’est décidé. On a parlé avec le prof de maths pour manquer ses cours et ciao Lima, son ciel gris (même si le soleil sort de plus en plus), sa pollution, son stress et les lectures et autres exercices de la fac : direction Huaraz, l’air pur, l’altitude, le soleil et la détente (peut-être…). Ticket de car achetés H-4, sacs à dos terminés à la va-vite H-2 : le retard à l’allumage, un taxi qui tarde à apparaître (je vais vraiment devoir faire un article sur le transport à Lima…), les bouchons sur l’Av. Prado… Jeudi soir 10h30, on est parti !
Matinée à Huaraz. On est début de saison des pluies

Vendredi 6h on arrive à Huaraz sans avoir préparé quoi que ce soit. On est 3 français, on en rencontre 3 autres ainsi qu’une limeña au ¾ chinoise (il y a énormément de Sino-péruviens à Lima). On marche un peu et prend un petit déjeuner à la péruvienne : ce sera un lomo saltado pour moi (l’équivalent d’un bœuf bourguignon accompagné de riz…). Les 3 français qui nous accompagnaient partent de leur côté, on reste avec la péruvienne qui est venue prendre des renseignements pour un projet à l’université. Elle non plus n’a (presque) rien préparé, on cherche et trouve ensembles un hôtel pas cher avec eau froide, lits (très) bruyants, discothèque sous la fenêtre, gamins qui crient à 6h du math’. Malgré cela, la première nuit sera nettement plus reposante que la suivante (petit effet de suspens…).


1er jour, on retrouve un autre français avec qui on se rend à Chavin de Huantar, un site précolombien à 3h de Huaraz en bus. On passe par la lagune Querococha  (altitude : 4069m), puis par le tunel Kahuish à 4516m. Tout au long du trajet, on se rend compte du changement de végétation : aux alentours de Huaraz (3000m), la terre est cultivable. Puis les champs laissent petit à petit place aux pâturages où pousse une herbe très dure, qui transperce  le jean. On est à 4000m, on croise quelques vaches avec femmes et enfants. Il y a ici et là quelques huttes de pierre, avec un toit qui semble être fait de cette herbe très dure. Le paysage a des allures de steppes, de couleur jaune-brun, sauf devant nous : on se dirige vers la cordillère blanche, ses monts enneigés (qui nous dépassent de 2500m) recouverts d’un ciel gris foncé orageux.

4000m

4500m, vallée qui descend vers Chavin


Après avoir passé le col, on redescend vers Chavin (à 3000m environs) en passant par une vallée sublime. Il est temps d’avouer qu’on fait partie d’un voyage organisé (même si tous sont péruviens), et le groupe se dirige vers un restaurante turístico. On part de notre côté, pour finalement trouver notre bonheur dans une rue boueuse (fréquentée par les chiens, un camion citerne et un gamine toute souriante qui se cache dès qu’on la regarde) : une soupe dans laquelle flotte une patte de poulet, suivie d’une truite frite qui crépite encore dans l’assiette, un délice ! On se ballade un peu dans le village jusqu’à ce qu’on se rende compte que le groupe ne nous a pas attendu : le Chavin présent ne les intéresse pas.


Plaza de armas de Chavin

Sur le site archéologique de Chavin de Huantar
On se dirige donc à pied vers le site archéologique, un lieu plein de mystère qui était le centre d’une civilisation dont on ne sait rien ou presque (tournure pratique pour inculte ou flemmard). Internet vous renseignera mieux que moi, mais le système souterrain de gestion de l’eau est impressionnant, tout comme le temple, imposant. Le site se trouve dans une vallée magnifique, entouré de sommets découpés. Chose intrigante, on apprend que les arbres qui poussent sur les montagnes (qui correspondent au paysage andin typique) sont des eucalyptus, importés d’Australie : il y a là un mystère qui devra trouver une réponse. Le point culminant (ou plutôt l’inverse) de la visite est la galerie dans le temple qui renferme des sculptures : je n’en verrai rien car la poussière en suspension dans l’air me rappelle la crise d’asthme, et j’ai oublié ma ventoline.


Porte du temple, sculptée


Ce qui est devenu le symbole de Chavin

Sur le chemin du retour, on a droit à un coucher de soleil magique juste avant d’arriver au tunnel : le ciel vire au orange-rose-rouge juste au dessus des sommets. Une dizaine de minutes féeriques, puis une bonne sieste. On retrouvera notre amie limeña en arrivant à Huaraz pour aller manger dans un Chifa (restaurant Sino-péruvien), avant de tomber de sommeil à l’hôtel, sans eau chaude, les jambes lourdes, le ventre plein et les poumons vides.

Présentation et plan du site

Samedi matin, on se réveille tout doucement jusqu’à ouvrir les rideaux : la cordillère blanche et les montagnes aux alentours sont tout simplement magnifiques ! Petit déjeuner (sandwichs de fromage montagnard et jambon de pays…) dans un café sympas, puis on se met en quête d’un guide dans l’idée de partir 2 jours en ballade. En suivant les recommandations d’une amie on trouve facilement, l’économie touristique de la ville reposant sur cette activité. On a rendez-vous en début d’après midi, le temps de préparer les sacs à dos, faire quelques achats (lunettes de soleil, eau, barres de céréale), de déjeuner et goûter enfin le cuy (cochon d’inde) ! Pas délicieux et un peu cher, mais cette spécialité andine est vraiment sympas : je suis pressé de le goûter fait maison !


Vue depuis la chambre d'hôtel

Cuy ! Avec encore des poils au museau...



Avec un peu de retard et tout décontractés, on est parti pour une bonne ballade (ce sera notre erreur…). On commence par 2h de camionnette sur des chemins de pierres, de grosses pierres. On passe par quelques hameaux dont certaines maisons sont en adobe, mais dont les systèmes d’irrigation paraissent très sophistiqués. On arrive au Parque Nacional Huascarán, les paysages sont d’un gigantisme et d’une beauté à couper le souffle. On se dit qu’un appareil photo est incapable de capter ce que l’on voit, et c’est pas plus mal : il restera dans la poche, et on continuera à se saturer la rétine de vues époustouflantes qui resteront pour toujours. Une vallée très encaissée au fond de laquelle un pic est recouvert d’un glacier. A son pied, une lagune turquoise alimente un ruisseau d’une eau cristalline : la nature nous régale, avant de nous en faire baver (voire plus…). En effet, ballade il n’y aura pas : partis de 3000m en voiture, on se trouve à 4000m, au pied d’une ascension qui nous mènera à 4800m, en grimpant une pente à 55°.


Les cascades et ruisseaux abondent, la vue est hallucinante (on manquait de superlatifs sur le moment), mais je ne peux pas m’empêcher de penser que je n’arriverai jamais à redescendre tout ce que je monte. L’effort est difficile : à chaque pas, on monte plus que l’on avance, mais ce n’est rien comparé à l’idée même du vertige qui m’attendra le lendemain. Les sacs à dos sont lourds, on passe par une paroi rocheuse abrupte, et tout à coup, le soleil laisse place à une bonne tempête de neige (une chance, selon le guide). L’ascension continue, le soleil revient, puis un brouillard à couper au couteau. On arrive au sommet dans un état d’euphorie complet, avant la nuit, juste le temps de planter la tente (façon de parler, les rochers ne le permettent pas),. Le coucher de soleil est encore une fois somptueux, la montagne enneigée de l’autre côté de la vallée (je n’ose pas dire canyon…) devient rose-orange. On entend une avalanche. Le froid nous prend dès que la nuit tombe, la soupe préparée par le porteur (comment il a fait pour monter tout ça ???) nous fait un bien fou, tout comme le riz qui colle à l’estomac et le mate de coca, en prévision du soroche, le mal d’altitude. On se couche à 6h30, et on doit dormir vite, car on décolle à 1h du matin pour marcher sur un glacier et arriver à 5600m !

3 photos en ordre chronologique : tempête de neige
Grand soleil
Brouillard ''épais'' je dirais. Pour les 2 dernières photos, l'angle est presque identique : on devrait voir la même chose

Petit problème, on n’a aucun entrainement (un couple d’espagnols pyrénéens, déjà au sommet à notre arrivée et pratiquant la randonnée chaque mois, nous a avoué avoir souffert…), et la nuit sera l’une des pires de notre vie : impossible de dormir. La neige et la sueur ont mouillé mon pantalon, mon marcel, mon T-shirt, mon sweat, et mon sac de couchage qui ne rentrait pas dans mon sac à dos : j’ai passé toute la nuit à (littéralement) trembler de froid, impossible de me réchauffer.  Mon ami est atteint du mal d’altitude : un marteau qui lui frappe l’intérieur du crâne en permanence, et la sensation d’asphyxie à chaque mouvement, même un simple hochement de tête. Pas d’autre solution que de redescendre.

Notre tente ''même pas une étoile''

....

La matinée est magnifique, un vautour plane au dessus du canyon, la montagne est gelée (tout comme ma chaussure, qui a passé la nuit à l’extérieur de la tente…), le mate de coca bouillant est délicieux et réparateur. On range tout et on redescend, frustrés d’être restés au pied du glacier, mais conscients qu’on était incapables de le monter, en raison de l’altitude, du froid (le porteur m’a dit avoir passé une nuit identique à trembler, un enfer) ou tout simplement de la fatigue et du manque de préparation. La descente se passe beaucoup mieux que ce que je pensais, sans vertiges. Parfois, en me retournant, je me rappelais l’effort de la veille en me disant que jamais plus : arrivés en bas on se sentait fiers de ce qu’on a fait, même si…
Vue depuis la tente au réveil matin
Le guide et le porteur, au bord du Canyon

Le reste de la journée, on le passera dans un café, à boire du chocolat chaud, lire, jouer (une partie de scrabble mémorable, il est pas du tout chiant ce jeu en fait !), manger, et se rappeler de ce que nous ont dit le guide et le porteur : ce qu’on a fait en 3h, ils l’ont fait en 40 minutes, 1h avec sac à dos. Une fois, ils l’ont fait avec un VTT à l’épaule, juste pour arriver en haut et redescendre. Le guide fait 5 à 6 sommets de 5000m ou plus par mois, le porteur en haute saison en fait 8 !

Plus de place dans le bus qu’on a pris à l’aller, on prend donc une autre compagnie 30% moins chère : le pare-brise est fissuré dans toute la largeur, pas de couverture, même si la grande majorité étaient des péruviens, il y a 2 gringas super chiantes derrière nous… On est trop fatigués, on s’endort et se réveille le lendemain matin dans les premiers quartiers de Lima-Nord, juste à l’heure pour notre cours de maths du lundi matin, 7h30.

lundi 24 octobre 2011

Señor de los Milagros



Chaque année en Octobre, Lima revêts ses habits violets pour devenir le centre de la plus grande procession chrétienne : le Señor de los Milagros.
 Au XVIIème siècle, un esclave (Benito de Angola) a peint sur un mur d’adobe à Pachacamilla (Lima) un Christ sur une croix. En 1655, un tremblement de terre fît des milliers de victimes à Lima et Callao, détruisant temples, édifices publics et habitations. Miracle : le fragile mur fût le seul du local de la confrérie à rester debout.
En 2005, le Vatican a nommé le Señor de los Milagros ‘‘patron des péruviens résidents et immigrants’’.
Il me manque beaucoup trop d’éléments pour vraiment comprendre et expliquer ce qu’on a vu aujourd’hui, mais la dévotion est totale : Les chants de religieuses, habillées en violet avec un voile blanc sur la tête, en tête de cortège, est accompagné d’instruments. Entre les deux groupes, la confrérie porte le Señor de los Milagros (qui a même été équipé d’un éclairage !).
 
L’ensemble est précédé d’un groupe agitant des encensoirs et accompagné d’une foule nombreuse : le parcours durera toute la journée (6 jours tout au long du mois). Sur le chemin, des tableaux de sciure et de pétales de fleur sont réalisés à même le sol pour être piétinés par la procession, tandis que de nombreuses associations, clubs, universités, etc. montrent leur soutient en montant des stands et en affichant des banderoles au dessus des rues.
 
Tout ce blabla pour en venir au plus important : comme toute bonne journée au Pérou, on s’en met plein le ventre avec à 8h30 un sandwich de ‘‘Jamon de la Casa’’, accompagné de Chicha Morada (boisson de maïs violet), dans un bar bien populaire de Breña. Délicieux !