Au Pérou comme dans tout le monde Hispanique, la semaine
sainte… c’est la semaine sainte (ça n’a pas d’équivalent en France..). C’est
férié (seulement 4 jours au Pérou…), c’est la fête, on sort de sa routine, on
voyage en famille… Tout le monde nous dit qu’il faut se rendre à Ayacucho, mais
les prix excessifs à cette période et l’afflux massif de touristes nous
rebutent, donc avec des amis on décide que notre destination sera : le
désert. Plus précisément : Huacachina, une oasis au milieu des hautes
dunes, près de la ville de Ica.
Huacachina et ses bâtiments du début du XX siècle |
Mais ce qui est vrai pour Ayacucho l’est tout aussi pour la
côte… On décide de prendre le bus non pas au terminal de La Victoria, mais sur
la panaméricaine (c’est moins cher de 1 ou 2 €). Le problème, c’est qu’ils sont
tous bondés, et que dès que l’un d’entre eux s’arrête, au moins 50 personnes se
précipitent vers la porte en criant leur envie de monter. Après une vingtaine
de minute, on pense à retourner au centre de Lima pour avoir une place dans un
des bus, mais on perdrait presque la journée. On réfléchit, on s’énerve d’être
partis trop tard, d’avoir voulu économiser si peu pour au final payer un taxi
bien plus cher, de ne pas y avoir pensé avant (cette situation est presque une
constante du voyage…), on ne sait pas quoi faire, et là…
Un bus s’arrête, le cobrador crie 4 places. Je viens de
préparer ma stratégie : j’attends que tout le monde se rue vers la porte,
crie sans que le cobrador ne puisse distinguer quoi que ce soit, et lorsqu’il y
a un petit moment de répit, je me mets à crier ‘‘3 para Ica’’, 3 personnes pour
Ica (Ica est le terminus du bus). J’ai fait mouche du premier coup, le cobrador
me regarde et me crie lui aussi 3 para Ica en me montrant du doigt. Je crie à
mes amis restés un peu plus loin de venir en courant, et je passe devant toutes
les personnes qui essayaient de monter, pas peu fier de ma réussite.
Ca peut paraitre assez minable comme fierté, avoir réussi à
passer devant tous les autres, mais beaucoup de choses fonctionnent un peu
comme ça au Pérou (le Guatemala m’avait un peu entraîné) : la queue
n’existe presque pas, c’est à qui est le plus dynamique et arrive à ce que les
autres ne lui passent pas devant, pour les transports, dans une épicerie, etc… C’est
un peu la loi du marché poussée à son paroxysme (qui a dit loi de la
jungle ?!?). Ca m’a beaucoup surpris quand je suis arrivé, mais c’est une
caractéristique fondamentale du bon péruvien : être ‘‘vivo’’, vif !
Le fait d’avoir réussi à monter aussi vite dans un bus m’a fait sentir d’un
coup aussi péruvien que tous les autres qui attendaient.
C’est donc avec un grand sourire qu’on arrive à Ica, ville
baignée de soleil. Mais à Huacachina, on prend un petit coup au moral : le
lieu grouille de gens, et les hôtels remplis ou hors de prix nous obligeront à
faire du camping… dans la cour d’un bar. Une fois installés, on rejoint
quelques amis arrivés plus tôt, puis on profite du coucher de soleil en haut
d’une dune, la lagune d’un côté, avec les Andes en toile de fond, et
l’immensité du désert de l’autre.
En regardant le Dakar, on se dit que le désert c’est le pied, un
grand bac à sable. Mais escalader une dune, c’est dur : à chaque pas, le
sable glisse, les appuis ne sont pas stables, ça pompe une énergie assez
formidable, on fatigue très vite. On a l’impression de courir 2km pour un
résultat de 20 mètres, sans compter la pente… C’est donc après un
ravitaillement apprécié, même si de piètre qualité, et pour fuir le niveau
sonore de notre hébergement qu’on décide de monter de nuit en haut de la plus
grande dune. Il fait frais, le paysage est incroyable, magnifique, sublime,
hallucinant : le sable sous la nuit de pleine lune prend une couleur bleu
pâle, je me sens transporté dans un rêve, ou plutôt dans un conte que je n’ai
jamais lu. L’effort est totalement éclipsé par la beauté du désert. C’est un de
ces moments où l’on prend conscience qu’on est en train d’admirer quelque chose
qui restera à tout jamais, où l’on se dit que vraiment, oui, la vie est belle.
Arrivés au sommet, on a une vue sur la ville de Ica : une rivière d’or qui
inonde toute la vallée entre les dunes et les Andes. Personne n’était vraiment
motivé au départ pour monter jusque là, mais au final on est restés plusieurs
heures à discuter et admirer. Un grand moment !
Vue sur l'oasis de Huacachina, que l'on retrouve sur certains billets de S/. 50 |
Avant de repartir le lendemain, on décide de tenter le
sandboard, le snowboard du désert. Objectif donc : dévaler les pentes sur
une planche en bois. Un véhicule surpuissant nous emmène en haut des dunes et
nous récupère en bas. Pour l’écologie on repassera, mais en plus d’un moment
vraiment sympa, c’est l’occasion de découvrir des sensations nouvelles et assez
intenses !
Coucher de soleil au milieu du désert |
Une (petite) partie de la grande dune, le mur de sable à droite en arrivant dans l'oasis |
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