dimanche 3 février 2013

Semana Santa à Huacachina



Au Pérou comme dans tout le monde Hispanique, la semaine sainte… c’est la semaine sainte (ça n’a pas d’équivalent en France..). C’est férié (seulement 4 jours au Pérou…), c’est la fête, on sort de sa routine, on voyage en famille… Tout le monde nous dit qu’il faut se rendre à Ayacucho, mais les prix excessifs à cette période et l’afflux massif de touristes nous rebutent, donc avec des amis on décide que notre destination sera : le désert. Plus précisément : Huacachina, une oasis au milieu des hautes dunes, près de la ville de Ica.
Huacachina et ses bâtiments du début du XX siècle
Mais ce qui est vrai pour Ayacucho l’est tout aussi pour la côte… On décide de prendre le bus non pas au terminal de La Victoria, mais sur la panaméricaine (c’est moins cher de 1 ou 2 €). Le problème, c’est qu’ils sont tous bondés, et que dès que l’un d’entre eux s’arrête, au moins 50 personnes se précipitent vers la porte en criant leur envie de monter. Après une vingtaine de minute, on pense à retourner au centre de Lima pour avoir une place dans un des bus, mais on perdrait presque la journée. On réfléchit, on s’énerve d’être partis trop tard, d’avoir voulu économiser si peu pour au final payer un taxi bien plus cher, de ne pas y avoir pensé avant (cette situation est presque une constante du voyage…), on ne sait pas quoi faire, et là…

Un bus s’arrête, le cobrador crie 4 places. Je viens de préparer ma stratégie : j’attends que tout le monde se rue vers la porte, crie sans que le cobrador ne puisse distinguer quoi que ce soit, et lorsqu’il y a un petit moment de répit, je me mets à crier ‘‘3 para Ica’’, 3 personnes pour Ica (Ica est le terminus du bus). J’ai fait mouche du premier coup, le cobrador me regarde et me crie lui aussi 3 para Ica en me montrant du doigt. Je crie à mes amis restés un peu plus loin de venir en courant, et je passe devant toutes les personnes qui essayaient de monter, pas peu fier de ma réussite.

Ca peut paraitre assez minable comme fierté, avoir réussi à passer devant tous les autres, mais beaucoup de choses fonctionnent un peu comme ça au Pérou (le Guatemala m’avait un peu entraîné) : la queue n’existe presque pas, c’est à qui est le plus dynamique et arrive à ce que les autres ne lui passent pas devant, pour les transports, dans une épicerie, etc… C’est un peu la loi du marché poussée à son paroxysme (qui a dit loi de la jungle ?!?). Ca m’a beaucoup surpris quand je suis arrivé, mais c’est une caractéristique fondamentale du bon péruvien : être ‘‘vivo’’, vif ! Le fait d’avoir réussi à monter aussi vite dans un bus m’a fait sentir d’un coup aussi péruvien que tous les autres qui attendaient.

C’est donc avec un grand sourire qu’on arrive à Ica, ville baignée de soleil. Mais à Huacachina, on prend un petit coup au moral : le lieu grouille de gens, et les hôtels remplis ou hors de prix nous obligeront à faire du camping… dans la cour d’un bar. Une fois installés, on rejoint quelques amis arrivés plus tôt, puis on profite du coucher de soleil en haut d’une dune, la lagune d’un côté, avec les Andes en toile de fond, et l’immensité du désert de l’autre. 


En regardant le Dakar, on se dit que le désert c’est le pied, un grand bac à sable. Mais escalader une dune, c’est dur : à chaque pas, le sable glisse, les appuis ne sont pas stables, ça pompe une énergie assez formidable, on fatigue très vite. On a l’impression de courir 2km pour un résultat de 20 mètres, sans compter la pente… C’est donc après un ravitaillement apprécié, même si de piètre qualité, et pour fuir le niveau sonore de notre hébergement qu’on décide de monter de nuit en haut de la plus grande dune. Il fait frais, le paysage est incroyable, magnifique, sublime, hallucinant : le sable sous la nuit de pleine lune prend une couleur bleu pâle, je me sens transporté dans un rêve, ou plutôt dans un conte que je n’ai jamais lu. L’effort est totalement éclipsé par la beauté du désert. C’est un de ces moments où l’on prend conscience qu’on est en train d’admirer quelque chose qui restera à tout jamais, où l’on se dit que vraiment, oui, la vie est belle. Arrivés au sommet, on a une vue sur la ville de Ica : une rivière d’or qui inonde toute la vallée entre les dunes et les Andes. Personne n’était vraiment motivé au départ pour monter jusque là, mais au final on est restés plusieurs heures à discuter et admirer. Un grand moment ! 

Vue sur l'oasis de Huacachina, que l'on retrouve sur certains billets de S/. 50
 

Avant de repartir le lendemain, on décide de tenter le sandboard, le snowboard du désert. Objectif donc : dévaler les pentes sur une planche en bois. Un véhicule surpuissant nous emmène en haut des dunes et nous récupère en bas. Pour l’écologie on repassera, mais en plus d’un moment vraiment sympa, c’est l’occasion de découvrir des sensations nouvelles et assez intenses !


 


Coucher de soleil au milieu du désert
Au retour, on décide avec une amie de fausser compagnie aux autres et de descendre du bus à Pisco pour passer une journée à Paracas, ville côtière à l’entrée d’une péninsule qui est une réserve naturelle. Ni elle ni moi n’avons d’appareil photo, et c’est assez dommage vu l’endroit. Paracas est le point de départ pour une visite des îles Ballestas, qui ont fait la fortune du Pérou au XIXème siècle grâce au Guano. Oui, la magie de l’économie (et de la biologie) fait que le trésor, la principale richesse du Pérou, était de la merde de piaf ! Le guano était ‘‘récolté’’ sur ces îles puis envoyé vers l’Europe pour fertiliser les champs. Les européens mangeaient mieux, les péruviens continuaient d’avoir faim, mais leur élite pouvait ainsi s’acheter des produits de luxe… européens. Aujourd’hui, les récoltes se font tous les 6 ans, et ces îles sont un attrait touristique grâce aux nombreuses espèces d’oiseaux qui profitent des eaux parmi les plus poissonneuses du globe, mais aussi aux colonies de loups de mer. La plage où les femelles enseignent aux petits à nager à cette époque de l’année (Avril) est vraiment surprenante. On passe aussi juste à côté du Candelabro, un géoglyphe gravé depuis des siècles dans le désert de la péninsule, autour duquel beaucoup de théories se sont développées, sans que l’une d’entre elle ne s’impose vraiment (Marins ou pirates ? extraterrestres ? lieux religieux ?).


Une (petite) partie de la grande dune, le mur de sable à droite en arrivant dans l'oasis

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